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suivant ses forces, une provision d’eau douce et de moules. On alla passer la nuit au bord d’un étang d’eau salée, fort près d’une montagne où nous avions déjà campé. Il fut heureux pour nous d’avoir apporté de l’eau et des vivres, car nous ne découvrîmes rien qui put servir d’aliment. Dès la pointe du jour, chacun se mit à chercher un peu d’herbes ou quelques feuilles d’arbres. Nous voulions conserver le reste de nos moules pour des occasions plus pressantes. Quelques-uns descendirent dans le lac pour y trouver quelques poissons, mais ce n’était qu’un amas d’eau salée et bourbeuse.

« Tandis que nous étions ainsi dispersés, ceux qui n’étaient pas éloignés du lac aperçurent trois Hottentots qui venaient droit vers eux. Un signe dont on était convenu nous rassembla aussitôt, et nous attendîmes ces trois hommes qui marchaient à grands pas pour nous joindre. Dès qu’ils se furent approchés, nous reconnûmes aux pipes dont ils se servaient qu’ils avaient quelque commerce avec les Européens. La difficulté de part et d’autre fut d’abord de nous faire entendre. Ils nous faisaient des signes de leurs mains, en élevant six doigts et criant de toutes leurs forces, Hollanda ! Hollanda ! Quelques-uns de nos siamois les prirent pour des émissaires de ceux que nous avions déjà rencontrés, et qui nous cherchaient peut-être pour nous massacrer. D’autres croyaient entendre par leurs signes que le cap de Bonne-Espérance n’était éloigné que de six journées.