liquide, composée de petites écrevisses pouries qu’ils appellent capi. On assura à Laloubère, avec des circonstances qui ne lui laissèrent aucun doute, que deux autres sortes de poissons, conservés dans des pots, où ils tournent bientôt en pâte liquide dans leur saumure, suivent exactement le flux et le reflux de la mer, haussant et baissant dans le vase, à mesure que la mer baisse ou s’élève.
Ce qui tient lieu de safran aux Siamois est une racine qui, étant réduite en poudre, en a le goût et la couleur. Ils croient fort sain pour leurs enfans de leur en jaunir le corps et le visage ; aussi ne voit-on dans les rues que des enfans qui ont le teint jaune.
Ils n’ont point de noix, d’olives, ni d’autre huile que celle de coco, qui est fort bonne dans sa fraîcheur. Le lait des buffles femelles leur donne plus de crème que celui de leurs vaches ; mais ils ne font aucune sorte de fromage. Le beurre n’est guère plus en usage à Siam. Il y prend difficilement consistance.
Ils ont plusieurs méthodes pour déguiser le poisson sec sans en varier l’apprêt ; par exemple, ils le coupent en filets menus et tortillés comme les vermicelli des Italiens ou les œufs filés des Espagnols. Ce qu’ils mangent le plus rarement, c’est la chair des animaux terrestres ; ils refusent même celle qu’on leur offre : s’ils en mangent quelquefois, ils préfèrent les boyaux, et ce qu’il y a de plus dégoûtant pour nous dans les intestins. On vend dans les marchés