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pel est toujours ouverte au roi, lorsqu’on en veut faire les frais.

L’art de la guerre est d’autant plus ignoré à Siam, que les habitans n’y sont pas portés d’inclination. La vue d’une épée nue met en fuite cent Siamois. Laloubère assure que le ton assuré d’un Européen qui porte une épée au côté ou une canne à la main suffit pour leur faire oublier les ordres les plus exprès de leurs supérieurs. L’opinion de la métempsycose qui leur inspire l’horreur du sang sert encore à leur ôter le courage. Dans les guerres qu’ils ont avec leurs voisins, ils ne pensent qu’à faire des esclaves. Si les Pégouans, par exemple, entrent d’un côté sur les terres de Siam, les Siamois entrent par un autre endroit sur celles du Pégou, et les deux partis enlèvent des villages entiers pour l’esclavage.

Si les armées se rencontrent, elles ne tirent pas directement l’une sur l’autre. Une espèce de convention, qui n’a son principe que dans leur lâcheté mutuelle, les porte toujours à tirer plus haut. Celui des deux partis qui reçoit le premier des balles ne tarde guère à prendre la fuite. Lorsqu’il est question d’arrêter des troupes qui viennent sur eux, ils tirent plus bas qu’il ne faut, pour rendre leurs ennemis responsables de leur propre mort, s’ils s’approchent jusqu’à pouvoir être tués.

On apprit à Laloubère un fait qu’il croit certain, quoiqu’il ne soit pas surpris qu’on puisse le trouver incroyable. Un Provençal,