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Siamois. Mais ces soldats n’ont pas d’autre solde que l’exemption des corvées pour eux-mêmes et pour quelques personnes de leur famille. Comme ils ne peuvent se nourrir hors de chez eux, ils demeurent dans leurs villages, les uns autour de Bancok, les autres aux environs de Louvo, pour la sûreté de ces deux places, où, se rendant tour à tour par détachemens, ils font une garde continuelle. Dans les autres lieux du royaume qui ont besoin de défense, les garnisons sont composées de Siamois libres, qui servent par corvées, comme dans les autres occasions, et qui sont relevés par d’autres lorsqu’ils ont achevé leur temps.

Le royaume de Siam est naturellement si bien défendu par les forêts impénétrables, par la multitude des canaux dont il est coupé, et par ses inondations annuelles, que les habitans ont toujours négligé le secours des places fortes. Ils craindraient de les perdre et de ne les pouvoir reprendre. Celles qu’ils ont, en petit nombre, soutiendraient à peine la première insulte d’une troupe aguerrie. Quelques années avant l’ambassade du chevalier de Chaumont, le roi, souhaitant de faire construire un fort sur la frontière du Pégou, choisit pour l’exécution de cet important dessein un valet de la maison de Saint-Lazare de Paris, qui était passé à Siam au service des missions étrangères. Toute son habileté consistait à faire une saignée. Mais, après s’être défendu long-temps d’entreprendre un ouvrage dont il ignorait les principes, il ne