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fort chauds. Ils n’usent d’aucun rafraîchissement intérieur, mais ils se baignent dans la fièvre et dans toutes sortes de maladies. Il semble que tout ce qui concentre ou qui augmente la chaleur naturelle convienne à leur constitution. Leurs malades ne se nourrissent que de bouillie de riz, qu’ils font extrêmement liquide ; c’est ce que les Portugais des Indes appellent cangé. Les bouillons de viande sont mortels à Siam ; ils relâchent trop l’estomac : dans la convalescence, les Siamois préfèrent la chair de cochon à toutes les autres.

Leur ignorance dans la chirurgie est si profonde, qu’ils ont besoin des Européens, non-seulement pour le trépan et pour toutes les opérations difficiles, mais pour les simples saignées. Ils ignorent entièrement l’anatomie. Loin d’avoir tourné leur curiosité à la connaissance du corps animal, ils n’ouvrent les corps morts qu’après les avoir rôtis dans les funérailles. Le motif des talapoins pour les ouvrir est d’y trouver de quoi nourrir la superstition du peuple. Ils prétendent quelquefois avoir trouvé dans l’estomac des morts de grosses pièces de chair fraîche de porc ou de quelque autre animal, du poids d’environ huit ou dix livres, qu’ils supposent l’effet d’un sortilége, et propres à servir pour ces noires opérations.

La chimie n’est pas moins ignorée des Siamois, quoiqu’ils l’aiment avec passion, et que plusieurs d’entre eux se vantent d’en pos-