Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/277

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est naturellement le maître du divorce ; cependant il ne le refuse guère à sa femme, lorsqu’elle s’obstine à le désirer ; il lui rend sa dot, et les enfans se partagent entre eux dans cet ordre : la mère a le premier, le troisième, et tous les autres impairs. Le père prend le second le quatrième et tous les autres dans l’ordre pair ; de sorte que, si le nombre total est impair, il en reste un de plus à la mère. Une veuve hérite du pouvoir de son mari, avec cette restriction, qu’elle ne peut vendre les enfans du rang pair. Les parens du père s’y opposent ; mais après le divorce, le père et la mère sont libres de vendre les enfans qui leur sont demeurés en partage dans l’ordre établi par la loi.

L’adultère est rare à Siam, moins parce que le droit des maris est de tuer leurs femmes, s’ils les surprennent dans le crime, ou de les vendre, s’ils peuvent les en convaincre, que par un effet naturel du genre de vie des femmes, qui ne sont corrompues ni par l’oisiveté, ni par le luxe de la table ou des habits, ni par le jeu et les spectacles. Pendant les corvées de leurs maris, qui durent six mois, elles les nourrissent de leur travail. Elles n’ont l’usage d’aucun jeu, et ne reçoivent aucune visite d’homme. Les spectacles ne sont pas fréquens, et n’ont ni jours marqués, ni prix certain, ni théâtres publics. Ainsi la sagesse parmi les femmes tourne heureusement en habitude ; cependant tous les mariages ne sont pas chastes : mais on assura du moins à Laloubère que tout