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autre débauche est rare parmi les Siamois.

« La jalousie, dit-il, n’est parmi eux qu’un pur sentiment de gloire qui augmente à proportion que leur fortune s’élève. » Les femmes du peuple jouissent d’une entière liberté : celles des grands vivent dans la retraite ; elles ne sortent que pour quelque visite de famille, ou pour assister aux exercices de religion. Dans ces occasions, elles paraissent à visage découvert, et lorsqu’elles vont à pied, on ne les distingue pas aisément des femmes de leur suite.

Le respect pour les vieillards n’est pas moins en honneur à Siam qu’à la Chine. De deux mandarins, le plus jeune, quoique le plus élevé en dignité, cède la première place à l’autre. Un mensonge est puni lorsqu’il s’adresse au supérieur. L’union et la dépendance sont des vertus si bien établies dans les familles, qu’un fils qui entreprendrait de plaider contre son père serait regardé comme un monstre. Aussi le mariage n’est-il pas un état redouté. L’intérêt n’y divise point les esprits, et la pauvreté n’y est jamais onéreuse. Les Français, dans leur séjour à Siam, n’y remarquèrent que trois mendians, gens fort âgés et sans parenté. Les Siamois ne souffrent jamais que leurs parens demandent l’aumône ; ils nourrissent charitablement leurs pauvres, lorsque ceux-ci ne peuvent subsister de leur travail. La mendicité n’est pas seulement honteuse à celui qui mendie, mais à toute sa famille.