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sieurs prières, qui sont apparemment l’essence de la consécration. Après quelques autres formalités, le nouveau talapoin, accompagné du même cortége, se rend au couvent qu’il a choisi pour sa demeure. Ses parens donnent un repas à tous les talapoins du couvent ; mais dès ce jour il ne doit plus voir de danses ni de spectacles profanes ; et quoique la fête soit célébrée par quantité de divertissemens qui s’exécutent devant le temple, il est défendu aux talapoins d’y jeter les yeux.

Les talapouines se nomment nang-tchii en langue siamoise. Elles n’ont pas besoin d’un sancrat pour leur donner l’habit, qui est blanc comme celui des tapacous ; aussi ne passent-elles pas tout-à-fait pour religieuses. Un simple supérieur préside à leur réception, comme à celle des nens ou des jeunes talapoins. Quoiqu’elles renoncent au mariage, on ne punit pas leur incontinence avec autant de rigueur que celle des hommes. Au lieu du feu, qui est le supplice d’un talapoin surpris avec une femme, on livre les talapouines à leur famille pour les châtier du bâton. Les religieux siamois de l’un et de l’autre sexe ne peuvent frapper personne.

L’élection des supérieurs sancrats, ou simples tchaou-vat, se fait dans chaque couvent à la pluralité des voix ; et le choix tombe ordinairement sur le plus vieux ou le plus savant talapoin. Si la piété porte un particulier à faire bâtir un temple, il choisit lui-même