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temps de se promener dans la ville pendant l’après-midi, et l’on ne traverse point une rue sans y rencontrer quelque talapoin.

Outre les esclaves qu’ils peuvent entretenir pour la culture des terres, chaque couvent a plusieurs valets, qui s’appellent tapacous, et qui sont véritablement séculiers. Ils ne laissent pas de porter l’habit religieux, avec cette seule différence que la couleur en est blanche. Leur office est de recevoir l’argent qu’on donne à leurs maîtres, parce que les talapoins n’en peuvent toucher sans crime, d’administrer les biens, et de faire, en un mot, tout ce que la loi ne permet point aux religieux de faire eux-mêmes.

Un Siamois qui veut embrasser cette profession s’adresse au supérieur de quelque couvent. Le droit de donner l’habit appartient aux sancrats seuls, qui marquent un jour pour cette cérémonie. Comme la condition d’un talapoin est lucrative, et qu’elle n’engage pas nécessairement pour toute la vie, il n’y a point de famille qui ne se réjouisse de la voir embrasser à leurs enfans. Les parens et les amis accompagnent le postulant avec des musiciens et des danseurs. Il entre dans le temple, où les femmes et les musiciens ne sont pas reçus. On lui rase la tête, les sourcils et la barbe. Le sancrat lui présente l’habit : il doit s’en revêtir lui-même, et laisser tomber l’habit séculier par dessous. Pendant qu’il est occupé de ce soin, le sancrat prononce plu-