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inviolables. Ceux qui n’ont ni temple ni pyramide gardent quelquefois chez eux les restes mal brûlés de leurs parens ; mais on voit peu de Siamois assez riches pour bâtir un temple qui n’emploient quelque partie de leur bien à cet établissement, et qui n’y enfouissent les richesses qui leur restent. Les plus pauvres font faire au moins quelque idole qu’ils donnent aux temples déjà bâtis. Si leur pauvreté va jusqu’à ne pouvoir brûler leurs parens, ils les enterrent avec le secours des talapoins ; mais, comme ces religieux ne marchent jamais sans salaire, ceux qui n’ont pas même de quoi les payer exposent le corps de leurs proches dans quelque lieu éminent pour servir de pâture aux oiseaux de proie.

Il arrive quelquefois qu’un Siamois élevé en dignité fait déterrer le corps de son père, quoique mort depuis long-temps, pour lui faire de magnifiques funérailles, si celles qu’on lui a faites au temps de sa mort n’étaient pas dignes de l’élévation présente de sa famille. On a déjà remarqué que, dans les maladies épidémiques, l’usage est d’enterrer les corps sans les brûler, mais qu’on les déterre quelques années après pour leur rendre cet honneur. La loi défend de brûler ceux que la justice condamne à mourir, les enfans mort-nés, les femmes qui meurent en couche, ceux qui périssent par l’eau ou par quelque désastre extraordinaire, tel que la foudre. Les Siamois mettent ces malheureux au rang des coupables,