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L’inondation annuelle, qui fait périr la plupart des insectes, sert aussi à les faire renaître en plus grand nombre aussitôt que les eaux commencent à se retirer. Les maringouins, ou les mousquites, ont tant de force à Siam, que les bas de peau les plus épais ne garantissent pas les jambes de leurs piqûres. Cependant les naturels du pays n’y sont pas si maltraités que les Européens. Un voyageur observe que la nature apprend aux animaux siamois les moyens d’éviter l’inondation. Les oiseaux qui ne perchent pas en Europe, tels que les perdrix et les pigeons, n’ont pas à Siam de retraite plus familière que les arbres. Les fourmis, doublement prudentes, y font leurs nids et leurs magasins sur les arbres.

En parlant des animaux, le premier rang est dû sans doute à l’éléphant, qui paraît l’avoir reçu de la nature par ses merveilleuses qualités autant que par la supériorité de sa taille ; mais c’est un article épuisé dans les relations d’Afrique, et qui ne demande à être rappelé que pour faire observer, avec tous les voyageurs, que, de tous les pays connus, Siam est tout à la fois celui qui contient le plus d’éléphans, qui en tire le plus d’utilité, et qui leur rend le plus d’honneur. Les Siamois parlent d’un éléphant comme d’un homme : ils le croient parfaitement raisonnable, et l’unique avantage qu’ils donnent sur ces animaux à l’espèce humaine, est celui de la parole. Il suffira de rapporter ici la manière dont ils les prennent,