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sur le témoignage de Laloubère, qui eut la curiosité d’assister à ce spectacle. Comme les forêts de Siam sont remplies d’éléphans sauvages, la difficulté ne consiste que dans le choix d’un lieu convenable aux piéges qu’on leur dresse.

On fait une espèce de tranchée composée de deux terrasses, qu’on élève presqu’à plomb de chaque côté, et sur lesquelles un simple spectateur peut se tenir sans danger. Dans le fond qui est entre ces terrasses on plante un double rang de troncs d’arbres, hauts d’environ dix pieds, assez gros pour résister aux efforts de l’éléphant, et si serrés, qu’il ne reste de place entre deux que pour le passage d’un homme. On a des éléphans femelles exercés à cette espèce de chasse, qu’on laisse paître librement aux environs. Ceux qui les mènent se couvrent de feuilles, pour ne pas effaroucher les éléphans sauvages, et ces femelles ont assez d’intelligence pour appeler les mâles par leurs cris. Lorsqu’il en paraît un, elles s’engagent aussitôt dans la tranchée, où le mâle ne manque pas de les suivre. L’issue de l’espace est un corridor étroit, et composé aussi de gros troncs d’arbres. Dès que l’éléphant sauvage est entré dans ce corridor, il est pris, parce que la porte qui lui sert d’entrée, et qu’il ouvre en la poussant devant lui avec sa trompe, se referme de son propre poids, et qu’une autre porte par laquelle il doit sortir se trouve fermée. D’ailleurs ce lieu est si étroit, qu’il ne peut entièrement s’y tourner ; ainsi la difficulté se