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matra, s’attacha particulièrement à s’instruire de la culture du poivre : il croît, dit-il, en terre franche et grasse. On le plante au pied de toutes sortes d’arbres, autour desquels il rampe et s’entortille comme le houblon. Ceux qui veulent s’en faire un revenu choisissent de bons rejetons qu’ils plantent au pied d’autant d’arbrisseaux. Il faut apporter beaucoup de soin à nettoyer ou sarcler toutes les herbes qui croissent alentour. Le rejeton croît sans porter de fruit jusqu’à la troisième année qu’il commence ; et la quatrième en rend une grande abondance. Il se trouve des plantes qui en donnent jusqu’à six et sept livres ; mais il n’est jamais plus gros ni en plus grand nombre que dans les trois premières portées. Dans les trois suivantes, c’est-à-dire jusqu’à la sixième, qui est la neuvième année de son plant, le poivrier rapporte un tiers de moins, et la grosseur de son fruit diminue aussi d’un tiers. Enfin, pendant trois autres années, il ne porte presque plus, et le poivre est fort petit : les années d’après ne rendent plus rien. On est obligé de planter d’autres rejetons, par où l’on doit juger, observe Beaulieu, quelle est l’erreur de ceux qui ont écrit que le poivre se recueille sans travail. « Quelque jeune qu’il soit, ajoute-t-il, il porte peu, s’il n’est soigneusement cultivé et sarclé : j’en ai vu plusieurs plantes négligées dans les bois qui ne donnaient aucun fruit.

» Les trois premières années demandent des soins extrêmes pour arrêter la naissance des