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sans sont présentés à genoux. C’est un spectacle digne de la curiosité des étrangers que cette multitude de seigneurs qui s’efforcent d’attirer les regards de leur maître et de se faire distinguer par leurs respects et leurs humiliations. Tout se passe, non-seulement avec décence, mais avec un air de majesté qui impose. Les salutations se font à la manière des Chinois. Il n’y a de choquant pour les Européens dans les usages de cette cour que la loi servile qui oblige les grands d’avoir les pieds nus. Ils sont traités d’ailleurs avec bonté. La plus grande punition pour leurs offenses, est une amende ou le bannissement ; il n’y a que le crime de trahison qui les expose au dernier supplice.

L’audience finit à huit heures. Il ne reste avec le chova que les capitaines de ses gardes et ses officiers domestiques, dont la plupart sont eunuques, du moins ceux qui entrent dans l’intérieur du palais et dans les appartemens des femmes. Leur nombre est de quatre ou cinq cents, la plupart fort jeunes, mais si fiers et si impérieux, qu’ils sont détestés de toute la nation. Cependant ils ont toute la confiance du chova, dans les affaires du gouvernement comme dans ses occupations domestiques. Après avoir servi sept ou huit ans au palais, ils s’élèvent par degrés à l’administration et aux principales dignités du royaume, tandis que les lettrés mêmes sont souvent négligés. Mais Baron observe que l’estime a moins de part à