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calmandar, c’est-à-dire faites au pinceau, se fabriquent particulièrement dans le royaume de Golconde, surtout aux environs de Masulipatan. Entre les chites imprimées on met une grande différence, qui vient autant du degré de finesse des toiles que de celle de l’impression. La plupart des toiles blanches s’apportent écrues à Renonsari et à Baroche, deux cantons extrêmement favorables pour les blanchir, à cause des belles prairies et de la quantité de limons qui se trouvent dans le voisinage ; car ces toiles ne sont jamais d’un beau blanc, si elles ne passent par l’eau de limon. Il y en a de si fines, que, s’il en faut croire Tavernier, un ambassadeur persan qui revenait de la cour du grand-mogol présenta au roi son maître un coco de la grosseur d’un œuf d’autruche, dont on tira un turban long de soixante aunes, et d’une toile si fine, qu’on vivait peine à juger de ce qu’on tenait dans la main. Tavernier ajoute qu’il apporta lui-même en France une once de fil, dont la livre coûtait six cents mamoudis[1], et que toute la cour fut surprise de voir un fil si délié, qu’il échappait presqu’à la vue. Les cotons filés et non filés sortent de toutes les parties des Indes ; mais il n’en passe guère de non filés en Europe, parce que cette marchandise est de peu de valeur et cause trop d’embarras ; ils ne se transportent qu’à la mer Rouge, à Or-

  1. Un mamoudi valait alors douze sous de France.