mus, à Bassora, et quelquefois aux îles de la Sonde et aux Philippines.
On ne connaît point aux Indes l’usage des chevaux, des ânes, ni des mules pour les voyages et pour les voitures. Tout se transporte sur des bœufs et des chameaux, ou dans des charrettes traînées par des bœufs. La charge ordinaire d’un bœuf est de trois cents ou trois cent cinquante livres. Tous les voyageurs parlent avec étonnement de la rencontre qu’on fait quelquefois de dix ou douze mille bœufs, pour le transport du riz, du blé et du sel, dans les lieux où se font les échanges de ces denrées, en portant du riz où il ne croît que du blé, du blé où il ne croît que du riz, et du sel où la nature en a refusé. Les chameaux sont particulièrement destinés à porter le bagage des grands. Dans les pays bien cultivés, tous les champs sont fermés de bons fossés, ou accompagnés d’un réservoir d’eau en forme d’étang pour les arroser. Cet usage est très-incommode pour les voyageurs qui ne peuvent rencontrer ces nombreuses caravanes dans des passages étroits sans se voir obligés d’attendre quelquefois deux ou trois jours que le chemin devienne libre. Ceux qui conduisent les bœufs n’ont pas d’autre profession ; ils n’habitent dans aucun lieu fixe ; ils mènent avec eux leurs femmes et leurs enfans. Les uns ont cent bœufs sous leurs ordres, et d’autres plus ou moins ; mais ils reconnaissent tous un chef, qui tranche du prince, et qui porte toujours