Le Tonquin a diverses cérémonies empruntées de la Chine, qui donnent à l’empereur les seules occasions qu’il ait de se montrer au peuple. Telle est celle de la bénédiction des terres, que le prince solennise avec beaucoup de jeûnes et de prières, et dans laquelle il laboure la terre, comme l’empereur de la Chine, pour mettre l’agriculture en honneur. Cette fête se nomme Le-can-ia.
L’horreur de la mort, plus vive au Tonquin que dans tout autre pays du monde, a produit dans l’esprit des habitans quantité de notions superstitieuses, dont les grands ne sont pas plus exempts que le peuple. Ils croient que les enfans, dans le sein maternel, ne sont animés que par les esprits des enfans qui sont morts avant d’être parvenus à la maturité de la raison ; que les âmes de tous les autres hommes deviennent autant de génies capables de faire du bien ou du mal ; qu’elles seraient toujours errantes et sujettes à toutes sortes de besoins, si le secours de leurs familles ne les aidait à subsister, ou si, suivant leurs propres inclinations, elles ne se procuraient ce qui leur manque, par le mal qu’elles commettent, ou par le bien qu’elles font. De cette folle idée ils concluent que, pour ceux qui sont sortis de l’enfance, la mort est le plus grand mal de la nature humaine.
Ils observent avec une exactitude et des soins inviolables l’heure et le jour auxquels une personne expire. S’il arrive que ce soit au