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d’eau par les vergues et les mâts du vaisseau, qu’on ne peut quelquefois empêcher d’entrer dedans, ou à interrompre le mouvement du vent en raréfiant l’air voisin par des décharges redoublées d’artillerie, l’eau, n’étant plus soutenue, tombe en très-grande abondance, et tout le dragon se dissipe aussitôt. Cette rencontre est fort dangereuse, non-seulement à cause de l’eau qui tombe dans le navire, mais encore par la violence subite et par la pesanteur extraordinaire du tourbillon qui l’emporte, et qui est capable de démâter ou de faire tomber les plus grands vaisseaux. Quoique de loin ces dragons d’eau ne paraissent pas avoir plus de six ou sept pieds de diamètre, ils ont beaucoup plus d’étendue. Tachard en vit deux ou trois à la portée du pistolet, auxquels il trouva plus de cent pieds de circonférence.

Il remarqua d’autres phénomènes, qu’on nomme siphons, à cause de leur figure longue, assez semblable à celles de certaines pompes. On les voit paraître au lever du soleil, vers l’endroit où cet astre est alors ; ce sont des nuages longs et épais, environnés d’autres nuages clairs et transparens : ils ne tombent point ; ils se confondent enfin tous ensemble, et se dissipent par degrés ; au lieu que les dragons sont poussés avec impétuosité, durent long-temps, et sont toujours accompagnés de pluie et de tourbillons qui font bouillonner la mer et la couvrent d’écume.

Les iris de lune ont dans ces lieux des cou-