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même raison, devenir brillante et lumineuse. Il faut si peu de mouvement à l’eau marine pour en faire sortir du feu, qu’en touchant une ligne qu’on y a trempée, il en sort une infinité d’étincelles semblables à la lueur des vers luisans, c’est-à-dire vive et bleuâtre.

Ce n’est pas seulement dans l’agitation de la mer qu’on y voit des brillans ; le calme même les offre vers la ligne, après le coucher du soleil ; on les prendrait pour une infinité de petits éclairs assez faibles qui sortent de l’eau, et qui disparaissent aussitôt. Les six mathématiciens n’en purent attribuer la cause qu’à la chaleur du soleil qui a rempli et comme imprégné la mer, pendant le jour, d’une infinité d’esprits ignés et lumineux.

Outre ces brillans passagers ils en virent d’autres pendant les calmes qui paraissent moins faciles à expliquer : on peut les nommer permanens, parce qu’ils ne se dissipent pas comme les premiers. On en distingue de différentes grandeurs et de diverses figures, de ronds, d’ovales, de plus d’un pied et demi de diamètre, qui passaient le long du navire, et qu’on pouvait conduire de vue à plus de deux cents pas. Quelques-uns les prirent simplement pour quelque substance onctueuse qui se forme dans la mer par quelque cause inconnue ; d’autres pour des poissons endormis qui brillent naturellement. On crut même y reconnaître deux fois la figure du brochet.

Les diverses espèces d’herbes et d’oiseaux