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Les vents impétueux, que les matelots européens nomment ouragans, et qui portent ici le nom de typhons, exercent leur empire avec des ravages terribles sur cette côte et dans les mers voisines ; mais le temps de leur arrivée est fort incertain. Quelquefois ils ne s’élèvent qu’une fois en cinq ou six ans, et même en huit ou neuf. Quoiqu’ils ne soient pas connus sous le même nom dans les autres mers orientales, celui qu’on appelle éléphant, dans la baie de Bengale et sur la côte de Coromandel, ne leur est pas fort inférieur, et se fait redouter aussi des matelots par ses funestes effets.

Pour l’étendue, Baron n’en accorde pas plus au Tonquin que nos cartes n’en donnent au Portugal ; mais on y compte quatre fois le même nombre d’habitans. Si l’on excepte la ville de Kécho, il n’y en a pas trois dans tout le royaume qui méritent la moindre attention ; mais les villages, que les habitans nomment aldeas ou aldées, sont si proches l’un de l’autre, qu’il est impossible d’en fixer le nombre, quand on ne s’est pas fait une étude de les compter.

Kécho, capitale du Tonquin, est située au 21e. degré de latitude nord, à quarante lieues de la mer : elle peut être comparée, pour la grandeur, à plusieurs villes fameuses de l’Asie ; mais elle l’emporte sur presque toutes par le nombre de ses habitans, surtout le premier et le quinzième jour de leur nouvelle lune, qui est le jour du marché ou du grand bazar. Tout le peuple des villages voisins y est amené par