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son commerce, et le nombre en est presque incroyable. Il reste si peu de passage dans les rues, quoique fort larges, que, suivant le témoignage de Baron, et dans ses propres termes, « c’est avancer beaucoup que d’y faire cent pas dans une demi-heure. » Cependant il règne un ordre admirable dans la ville ; chaque marchandise qu’on y vend a sa rue qui lui est assignée, et ces rues appartiennent à un, deux ou plusieurs villages, dont les habitans ont droit seuls d’y tenir boutique.

C’est à Kécho que le roi fait sa résidence ordinaire avec ses généraux, les princes, tous les grands du royaume, et toutes les cours de justice. Quoique le palais et les édifices publics occupent un terrain spacieux, ils n’ont rien de plus éclatant qu’un grand bâtiment de bois, qui en fait la principale partie. Le reste, comme toutes les maisons de la ville, est bâti de bambous et d’argile, à l’exception des comptoirs étrangers qui sont de brique, et qui font une figure distinguée au milieu d’un si grand nombre de chaumières. Cependant les triples murs de la vieille ville et du vieux palais donnent par leurs débris une haute idée de ce qu’ils devaient renfermer dans le temps de leur splendeur. Le palais seul embrassait dans sa circonférence un espace de six ou sept milles. Ses cours pavées de marbre, ses portes et les ruines de ses appartemens rendent témoignage de son ancienne magnificence, et font regretter la destruction d’un des plus beaux édifices