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avaient les dents d’une beauté et d’une longueur admirables. Elles sortaient à quelques-uns plus de quatre pieds hors de la bouche, et d’espace en espace elles étaient garnies de cercles d’or, d’argent et de cuivre. Dans une maison de campagne du roi, à une lieue de Siam, sur la rivière, il vit un petit éléphant blanc qu’on destinait pour successeur à celui qui était dans le palais. On l’élevait avec des soins extraordinaires. Plusieurs mandarins étaient attachés à son service ; et les égards qu’on avait pour lui s’étendaient jusqu’à sa mère et à sa tante, qu’on nourrissait avec lui. Sa grosseur était à peu près celle d’un bœuf. C’était le roi de Camboia qui en avait fait présent au roi de Siam depuis deux ou trois ans, en lui faisant demander du secours contre un sujet rebelle qui était soutenu par le roi de la Cochinchine.

Enfin, le 22 novembre, les mathématiciens jésuites furent avertis que le roi voulait leur accorder le même jour une audience particulière. Ce fut le seigneur Constance qui leur fit l’honneur de les conduire au palais vers quatre heures après midi. Il leur fit traverser trois cours dans lesquelles ils virent des deux côtés plusieurs mandarins prosternés. En arrivant dans la cour la plus intérieure, ils trouvèrent un grand tapis sur lequel ce ministre leur dit de s’asseoir. Ils n’avaient pas d’habits de cérémonie ; on ne les obligea pas même de se déchausser : ce qu’on leur fit regarder comme