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Il l’avait trouvé assez petit, et si vieux, qu’il en était ridé : aussi lui dormait-on trois cents ans. Plusieurs mandarins étaient destinés à le servir. On ne lui offrait rien qu’en vaisselle d’or : au moins deux bassins qu’il avait devant lui étaient d’or massif, d’une grandeur et d’une épaisseur extraordinaires. Son appartement était magnifique, et le lambris du pavillon était fort proprement doré. Tachard observe que les moindres éléphans du roi ont quinze hommes qui les servent par quartier ; que d’autres en ont vingt, vingt-cinq, trente et quarante, selon leur rang, et que l’éléphant blanc en a cent. On a peine à ne pas croire cette remarque un peu exagérée, lorsqu’il ajoute que le seigneur Constance lui a dit que le roi n’a pas moins de vingt mille éléphans dans son royaume, sans compter les sauvages qui sont dans les bois et dans les montagnes. On en prend quelquefois, assura-t-il, jusqu’à cinquante, soixante, et quatre-vingts même à la fois dans une seule chasse.

Messieurs de l’académie royale des sciences avaient recommandé aux six jésuites d’examiner si tous les éléphans avaient des ongles aux pieds. Tachard n’en vit pas un seul qui n’eût cinq ongles à chaque pied, c’est-à-dire à l’extrémité des cinq gros doigts ; mais leurs doigts sont si courts, qu’à peine sortent-ils de la masse du pied. Il remarque qu’ils n’ont pas, à beaucoup près, les oreilles si grandes qu’on les dépeignait alors. Il en vit plusieurs qui