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tre sans cette nouvelle preuve de sa complaisance, dont elle se fait un ornement ; et celles qui peuvent en montrer le plus jouissent d’une réputation distinguée ; mais le mariage les prive de cette liberté, et les hommes observent soigneusement entre eux de ne pas troubler le repos des maris.

Dans une autre contrée tartare, qu’il nomme Corouzan, il a observé des usages qui ne sont pas moins extraordinaires. Ceux qui ont commis des crimes portent sur eux du poison, et le prennent aussitôt qu’ils sont arrêtés, pour se garantir des tourmens d’une rigoureuse question ; mais les magistrats ont trouvé le moyen de le leur faire rejeter en leur faisant avaler de la fiente de chien. Avant qu’ils eussent été subjugués par le khan, ils poussaient la barbarie jusqu’à tuer les étrangers auxquels ils voyaient de l’esprit et de la beauté, dans l’espérance que ces qualités demeureraient à leur nation.

La province de Corouzan produit des serpens longs de dix brasses, et gros de quatre ou cinq pieds. Ils ont vers la tête deux petits pieds armés de griffes, les yeux plus grands que ceux d’un bœuf, et fort brillans, la gueule assez grande pour avaler un homme, les dents larges et tranchantes. La chaleur les oblige à se tenir cachés pendant le jour, mais ils cherchent leur proie pendant la nuit. Les habitans les prennent en semant des pointes de fer dans le sable, au long des traces qu’ils font pour