Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rouzan. Si quelqu’un tombe malade, la famille appelle les prêtres, qui se mettent à chanter et à danser au son de leurs instrumens. Le diable, dit Marc-Pol, ne manque pas d’entrer dans le corps de quelqu’un d’entre eux. Les autres s’en aperçoivent, et finissent leur danse par consulter le possédé. Ils supplient l’esprit d’implorer la Divinité offensée, et promettent que, si le malade en revient, il leur offrira quelque partie de son sang. Lorsque le prêtre juge la maladie mortelle, il assure que la Divinité ne veut pas se laisser fléchir, parce que l’offense est trop grande ; mais s’il voit quelque apparence de guérison, il ordonne qu’un certain nombre d’autres prêtres, avec leurs femmes, aient à sacrifier un certain nombre de béliers à tête noire. Aussitôt on allume des flambeaux ; la maison est parfumée ; on égorge les béliers, qu’on fait cuire à l’eau ; le sang et le bouillon sont jetés en l’air, tandis que les prêtres recommencent à danser avec leurs femmes. Ils prétendent alors que la Divinité est apaisée ; et, se mettant à table, ils mangent avidement la chair des victimes.

Marc-Pol parle avec admiration d’une ville chinoise qu’il appelle Quin-Sai, capitale d’une province du même nom, et que les géographes ne savent où placer. Il faut observer que, Marc-Pol ayant écrit en vénitien, et étant traduit en latin, la plupart des noms qu’il cite sont étrangement défigurés. D’ailleurs il est prouvé que plusieurs contrées et plusieurs