villes de la Chine ont changé de nom en changeant de maître ; enfin les invasions des Tartares ont ruiné beaucoup de pays, et fait disparaître beaucoup de villes florissantes, qui depuis ont été remplacées. Nous croyons ne devoir pas omettre ce que dit Marc-Pol de la ville de Quin-Sai, qui sans doute était une des principales de l’empire, et qui nous donnera une idée de ce qu’était la Chine au treizième siècle.
Marc-Pol, qui avait vu plusieurs fois Quin-Sai, en donne une description fort détaillée. Il fait observer que le mot de Quin-Sai signifie du ciel, et qu’en effet elle n’a rien d’égal dans le monde. « C’est un véritable paradis terrestre ; on lui donne cent milles de tour : cette grandeur extraordinaire vient principalement de ses rues et de ses canaux, qui sont fort larges ; elle a d’ailleurs de très-grands marchés. D’un côté de Quin-Sai est un lac d’eau douce, et de l’autre côté une grande rivière qui, entrant dans la ville par plusieurs endroits, et charriant toutes ses immondices, passe au travers du lac, et va se jeter dans l’Océan, à vingt-cinq milles est-nord-est. Elle a, près de son embouchure, une ville nommée Gampu, où mouillent les vaisseaux qui arrivent de l’Inde. Les canaux de Quin-Sai sont couverts d’une multitude de ponts, qu’on fait monter au nombre de douze mille, et dont quelques-uns sont si hauts, qu’un vaisseau passe dessous avec son mât dressé, tandis que