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sans se donner le moindre mouvement, et presque sans ouvrir la bouche. Ses vues étaient d’engager le gouverneur à parler, pour trouver le moyen de pénétrer ses intentions. Coen, qui n’était guère moins grave, se tint dans la même posture, et garda le même silence avec autant de soin pour faire les mêmes découvertes. Le Chinois, désespérant de rien tirer de lui, sortit sans parler, et le gouverneur le laissa partir comme il était venu.


CHAPITRE III.

Voyages de Navarette ; missions des jésuites.

Navarette était un religieux espagnol de l’ordre de saint Dominique, envoyé par les supérieurs de son ordre aux îles Philippines, en 1646, mais qui, n’y trouvant pas beaucoup d’encouragement, hasarda de passer à la Chine, où il s’employa plusieurs années aux exercices des missions. Il y apprit la langue du pays ; il lut les histoires chinoises, et s’informa soigneusement des mœurs et des usages des habitans. Après avoir passé vingt ans dans ses voyages en Afrique et en Amérique, il revint en Europe, en 1673 ; et s’étant rendu à Rome à l’occasion des différens qui s’étaient élevés entre les missionnaires, il y fut traité avec les égards dus à ses lumières et à son mérite. L’amour de la pa-