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cortége dont il fut surpris. On l’obligea de descendre de son palanquin à leur passage.

En quittant Fou-tcheou, il eut à traverser pendant cinq jours des montagnes qui s’élèvent jusqu’aux nues. La dernière nuit, il coucha dans un petit château gardé par une cinquantaine de soldats. Les civilités qu’il y reçut sont, dit-il, incroyables. Le commandant poussa la politesse jusqu’à lui céder sa propre chambre ; et se présentant le matin à sa porte avec d’autres officiers, il lui fit des excuses de ne l’avoir pas mieux traité. Il renouvelle son admiration pour les manières et les usages de ces peuples, et il ajoute que les Européens passent chez eux pour des barbares.

Il remarqua dans sa route plusieurs moulins à papier. Ce qui lui parut le plus admirable dans ce pays, c’est qu’on y élève ces machines sur une demi-douzaine de piliers, et que le moindre ruisseau suffit pour leur donner le mouvement nécessaire au travail, tandis qu’en Europe on est obligé d’avoir recours à mille instrumens. Son voyage dura quarante jours ; et dans un si long espace il ne vit pas plus de trois femmes, soit dans les villes, soit dans la route ou les hôtelleries. En Europe, dit-il, ce récit paraîtra incroyable : mais les Chinois auraient trouvé qu’avoir vu trois femmes, c’était en avoir vu trop.

Dans le cours du mois de novembre, Jean Poianco, dominicain de la mission de Ché-