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ils y trouvèrent dix éléphans, parés avec beaucoup de magnificence. Dans la troisième cour, c’est-à-dire entre les mandarins du troisième rang, on en faisait remarquer un qui finissait justement sa centième année, et qui était déjà revêtu de sa dignité lors de la conquête des Tartares. L’empereur lui envoya un de ses valets de chambre pour lui déclarer « qu’il aurait l’honneur d’être introduit dans la salle, et qu’à, son entrée l’empereur lui ferait l’honneur de se lever de son trône ; faveur néanmoins qu’il ne devait attribuer qu’à son âge, et qui ne regardait pas sa personne. »

On remarque, en général, que personne n’est jaloux des honneurs rendus au grand âge. Il y a de la justice dans cette sorte de consolation : lorsqu’on a fourni une longue carrière, soit qu’elle ait été heureuse ou infortunée, qui peut nous dédommager d’avoir vécu ?

Gemelli Carreri, docteur napolitain, étant du petit nombre des voyageurs qui ont fait le tour du monde, l’article qui le regarde ne sera traité que dans la dernière partie de cet ouvrage ; mais nous emprunterons de lui quelques particularités sur la Chine qu’on peut placer ici. Il parle, entre autres choses, de deux prodigieuses cloches qu’il vit à Nankin, et qui prouve que les Chinois savaient depuis long-temps fondre le métal en masses énormes. L’une, tombée à terre par l’excès de son poids, avait onze pieds de hauteur, et vingt-