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deux de circonférence. Sa forme était singulière : elle se rétrécissait par degrés jusqu’à la moitié de sa hauteur ; après quoi elle recommençait à s’élargir ; son poids était de cinquante mille livres, c’est-à-dire qu’elle pesait moitié plus que celle d’Erfurt ; elle passait pour ancienne trois cents ans avant Gemelli, qui voyageait à la fin du dix-septième siècle. L’autre était couchée sur le côté, à demi ensevelie dans un jardin : sa hauteur était de douze pieds, sans y comprendre l’anneau, et son épaisseur de neuf pouces ; on faisait monter sa pesanteur à quatre-vingt mille katis chinois, dont chacun fait vingt onces de l’Europe.

Gemelli raconte des circonstances fort bizarres sur l’usage qu’on fait à Nankin des immondices : on y est souvent incommodé de l’odeur des excrémens humains qu’on porte au long des rues dans des tonneaux, pour amender les jardins, faute de fumier et de fiente d’animaux. Les jardiniers achètent plus cher les excrémens d’un homme qui se nourrit de chair que de celui qui vit de poisson ; ils en goûtent pour les distinguer : rien ne se présente si souvent sur les rivières que des barques chargées de ces ordures. Au long des routes on rencontre des endroits commodes, et proprement blanchis, avec des siéges couverts, où l’on invite les passans à se mettre à l’aise pour les besoins naturels : il s’y trouve de grands vases de terre qu’on place soigneusement par-dessous pour ne rien perdre.