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d’un cheval ou de quelque autre vol de cette importance, le coupable est coupé en deux, par le milieu du corps avec un sabre, à moins qu’il ne puisse racheter sa vie en restituant deux fois la valeur de ce qu’il a pris. Ils marquent leurs bestiaux avec un fer chaud, et les laissent sans garde dans les pâturages. Un criminel qui a mérité la prison n’y est jamais retenu plus de trois ans ; mais en lui rendant la liberté, on le marque à la joue.

À l’égard de leur religion, ils reconnaissent une divinité, et le mur de leur chambre n’est jamais sans une tablette, sur laquelle on lit en gros caractère : le grand Dieu du ciel. Ils brûlent chaque jour de l’encens devant cette espèce d’autel, et, levant la tête, ils grincent trois fois des dents, en priant ce grand Dieu de leur conserver la santé et la raison : c’est à quoi se bornent leurs demandes. Ils ont un autre dieu qu’ils nomment Notigay, et dont ils reconnaissent l’empire sur les choses terrestres, sur leurs familles, leurs troupeaux et leurs blés. Les honneurs qu’ils lui rendent ne sont pas différens de ceux qu’ils adressent au dieu du ciel ; ils lui demandent du beau temps, des fruits, des enfans, et d’autres biens.

Au delà de la Tartarie est la Région des Ténèbres ; c’est ainsi que Marc-Pol nomme la Sibérie, parce qu’en continuant d’avancer vers le nord, on n’est éclairé pendant la plus grande partie de l’hiver que par un faux jour ; le soleil ne s’y élève pas au-dessus de l’horizon.