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Les habitans de ce triste pays ont le teint pâle ; mais ils sont d’assez grande taille ; ils vivent sans chefs, et sont peu différens des bêtes. Les Tartares profitent souvent de l’obscurité de leur climat pour enlever leurs bestiaux et dérober leurs fourrures, qu’ils trouvent meilleures que celles de Tartarie. Ils prennent en été les animaux qui fournissent ces belles peaux, et les vont vendre jusqu’en Russie. Marc-Pol, tournant ses observations sur la Russie, en parle comme d’une vaste région qui s’étend jusqu’à l’Océan, et qui est bordée au nord par celle des Ténèbres. Les habitans sont chrétiens grecs ; ils sont blonds et d’une fort belle figure. Ils paient, dit Marc-Pol, un tribut aux Tartares de l’ouest. Leur pays produit en grande abondance des fourrures, de la cire, des minéraux, et beaucoup d’argent.

Koublay-khan avait quatre femmes légitimes, dont le fils aîné était reconnu pour l’héritier de la couronne impériale. Elles portaient le titre d’impératrice, et chacune avait sa cour composée de trois cents dames, et d’une infinité de servantes et d’eunuques. On comptait dans chaque cour jusqu’à dix mille domestiques. Les concubines étaient en grand nombre, et presque toutes de la tribu d’Oungut. Koublay envoyait, de deux en deux ans, des ambassadeurs à cette tribu pour en amener une recrue de quatre ou cinq cents jeunes beautés.

Lorsque ces belles filles étaient arrivées, il nommait des commissaires pour les examiner