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la mer jusques auprès de la ville ; et une infinité de canaux font aller ses eaux en diverses provinces. Son embouchure est fort large : elle porte le nom de Hou-men, qui signifie Porte du tigre, parce qu’elle est bordée de plusieurs forts bâtis uniquement pour écarter les pirates. Ses rives, les plaines voisines et les collines mêmes sont bien cultivées en riz ou couvertes d’arbres toujours verts. Le passage, en arrivant de la mer, offre une perspective charmante.

Canton n’a guère moins d’étendue que Paris. C’est la résidence du vice-roi. Les barques dont le fleuve est couvert le long de ses deux rives contiennent une multitude infinie de peuple, et forment une espèce de ville flottante. Elles se touchent et forment des rues. Chaque barque contient une famille dans différens appartemens qui ressemblent à ceux des maisons. La population qui les habite en sort de grand matin pour aller pêcher ou travailler au riz.

Quoique les étoffes de soie fabriquées à Canton plaisent beaucoup à la vue, elles sont de qualité médiocre et d’un travail peu soigné, soit que la matière soit trop épargnée ou mal choisie : aussi sont-elles peu estimées à Pékin. Le nombre incroyable d’ouvriers qui travaillent à Canton ne suffisant pas pour le commerce qui s’y fait, on a établi une si grande quantité de manufactures à Fo-chan, qui n’en est qu’à quatre lieues, que ce bourg