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seigneurs et des officiers, qui les suivent dans le degré convenable à leur rang, mais la plupart assises sur des tapis, parce que les tables ne suffisent pas pour le nombre. À chaque porte sont placés deux gardes d’une taille extraordinaire, avec des bâtons à la main, pour empêcher qu’on ne touche au seuil. Si quelqu’un avait cette hardiesse, ils doivent le dépouiller de ses habits, qu’il est obligé de racheter par une somme d’argent, ou en recevant un certain nombre de coups. Tous les domestiques ont la bouche couverte d’une pièce d’étoffe de soie, afin que les alimens ou les liqueurs du khan ne soient pas souillés de leur haleine. Lorsqu’il demande à boire, la demoiselle qui présente la coupe fait trois pas en arrière et fléchit les genoux : à ce signe tous les barons et le reste de l’assemblée se prosternent, et la musique se fait entendre.

Les Tartares n’épargnent rien pour célébrer avec éclat le jour de la naissance du khan. La fête du nouvel an, qui commence au mois de février, est encore plus solennelle. Tout le monde paraît en habit blanc, qui passe pour une couleur heureuse, dans l’espérance que la fortune leur sera favorable pendant toute l’année. C’est le jour auquel les gouverneurs des provinces et des villes envoient à l’empereur des présens en or et en soie, des perles et des pierres précieuses, des étoffes blanches, des chevaux, et autres dons de la même couleur. L’usage des Tartares entre eux est aussi de se