Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/265

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treprendre sérieusement quelque ouvrage dans le goût de l’Europe : à peine les missionnaires ont-ils pu obtenir des architectes chinois de leur bâtir une église dans le palais, sur le modèle envoyé de France. Quoique les vaisseaux de la Chine soient mal construits, et que les habitans ne puissent refuser de l’admiration à ceux qui viennent de l’Europe, leurs charpentiers paraissent surpris lorsqu’on leur propose de les imiter. Ils répondent que leur fabrique est l’ancien usage de la Chine. « Mais cet usage est mauvais », leur dites-vous. « N’importe, répliquent-ils ; c’est assez qu’il soit établi dans l’empire, et l’on ne peut s’en écarter sans blesser la justice et la raison. » Il paraît néanmoins que cette réponse ne vient souvent que de leur embarras. Ils craignent de ne pas satisfaire les Européens qui veulent les employer ; car leurs meilleurs artistes entreprennent toutes sortes d’ouvrages sur les modèles qu’on leur présente.

Le peuple ne doit sa subsistance qu’à son travail assidu ; aussi ne connaît-on pas de nation plus laborieuse et plus sobre : les Chinois sont endurcis au travail dès l’enfance ; ils emploieront des jours entiers à fouir la terre, les pieds dans l’eau jusqu’aux genoux, et le soir ils se croiront fort heureux d’avoir pour leur souper un peu de riz cuit à l’eau, un potage d’herbes et un peu de thé. Ils ne rejettent aucun moyen pour gagner leur vie. Comme on aurait peine à trouver dans tout l’empire