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respect l’autel et le nom. Chacun reprend sa place. On apporte alors tous les présens, après quoi les tables sont couvertes, et l’empereur donne un grand festin à l’assemblée. Pour dernière scène, on amène un lion apprivoisé, qui, se couchant aux pieds du khan comme un agneau, semble le reconnaître pour son maître.

Dans l’espace d’un mille autour du palais où le khan fait sa résidence, il règne un si profond silence, qu’on n’y entend jamais le moindre bruit : on n’a pas même la liberté de cracher dans le palais, et les barons font porter près d’eux, pour cet usage, un petit vase couvert. Ils sont obligés d’ôter leurs bottines et d’en prendre de cuir blanc, pour ne pas souiller les tapis qui couvrent le pavé de chaque salle.

Pendant les trois mois que l’empereur passe à Cambalu, les chasseurs qui lui appartiennent dans toutes les provinces voisines du Catay sont continuellement occupés à la chasse. Ceux qui ne sont pas à plus de trente journées de la cour impériale envoient au khan, par des barques et des fourgons, toutes sortes de gros gibier, tel que, des cerfs, des ours, des chevreuils, des sangliers, des daims, etc. Tous ces animaux arrivent sans corruption, parce qu’on a pris soin de les éventrer ; mais les chasseurs qui sont à quarante journées de la cour n’envoient que les peaux pour les armures et pour d’autres usages. On dresse pour les chasses