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cour de la maison, et s’avance sur le devant de la salle : là, levant les yeux au ciel, et élevant aussi la tasse, il répand le vin à terre, pour faire reconnaître par cet hommage, qu’il ne possède rien dont il n’ait obligation à la faveur céleste. Alors il fait remplir de vin une tasse d’argent ou de porcelaine, qu’il place à la table à laquelle il doit être assis ; mais ce n’est qu’après avoir fait une inclination au principal convive, qui répond à cette civilité en s’efforçant de lui épargner une partie de la peine par l’empressement qu’il a de faire verser aussi du vin dans une coupe, comme s’il voulait la porter sur la table du maître, qui est toujours la dernière. Le maître l’arrête par d’autres civilités dont l’usage prescrit les termes. Aussitôt le maître-d’hôtel apporte deux petits bâtons d’ivoire, nommés quai-tsés, pour servir de fourchettes, et les place sur la table devant le fauteuil, dans une position parallèle ; souvent même ils s’y trouvent déjà tout placés. Enfin le maître conduit son principal convive à son fauteuil, qui est couvert d’une riche étoffe de soie à fleurs ; il lui fait une nouvelle révérence, et l’invite à s’asseoir ; mais le convive n’y consent qu’après quantité de façons, par lesquelles il s’excuse d’accepter une place si honorable. Le maître se met en devoir de faire la même politesse aux autres convives ; mais ils ne lui permettent pas de prendre cette peine.

Tel est le prélude : tout le monde se place à table ; à l’instant, quatre ou cinq comédiens,