Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/296

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les mandarins, les lettrés, et généralement tous les riches, dépensent beaucoup plus pour le mariage d’une fille qu’ils ne reçoivent de son mari. Par la même raison, un Chinois qui a peu de bien, va souvent aux hôpitaux des orphelins demander une fille, afin de l’élever et de la donner pour épouse à son fils. Il épargne ainsi la somme qu’il serait obligé de débourser pour s’en procurer une autre, et la jeune fille est élevée dans le plus profond respect pour sa belle-mère ; il y a même lieu de croire qu’elle sera plus soumise à son mari.

On dit que les riches qui n’ont point d’enfans feignent quelquefois que leur femme est grosse, et vont demander secrètement un enfant à l’hôpital, qu’ils font passer pour leur fils. Ce petit étranger entre dans tous les droits des enfans légitimes, fait ses études sous le nom qu’il a reçu, et parvient aux degrés de bachelier et de docteur, privilége refusé aux enfans adoptifs pris ouvertement à l’hôpital.

Ceux qui n’ont pas d’héritier mâle adoptent un fils de leur frère ou quelque autre parent, quelquefois le fils d’un étranger, et donnent même de l’argent aux parens. L’enfant adoptif entre dans tous les droits d’un fils naturel et légitime, prend le nom de celui qui l’adopte, et devient son héritier. S’il naît dans la suite un autre enfant de la même famille, l’enfant adoptif ne laisse pas d’entrer en par-