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En arrivant au lieu de la sépulture, ils font un sacrifice à l’esprit qui y préside, pour implorer sa protection en faveur de son nouvel hôte. Après les funérailles, on offre pendant plusieurs mois, devant l’image du mort, et devant sa tablette, des viandes, du riz, des légumes, des fruits, des potages et d’autres alimens, dans l’opinion que l’âme en fait sa nourriture. Cette cérémonie se renouvelle un certain nombre de fois chaque mois et chaque jour.

On vient quelquefois de fort loin visiter les sépulcres pour examiner à la couleur des ossemens si la mort d’un défunt a été naturelle ou violente ; mais la loi veut ce soit un mandarin qui préside à l’ouverture du cercueil. Les tribunaux ont des officiers chargés de cette inspection. L’avidité des richesses fait quelquefois ouvrir les tombeaux pour enlever les joyaux ou les habits précieux qui s’y trouvent renfermés ; mais c’est un crime qui est puni sévèrement.

La durée ordinaire du deuil, pour un père, doit être de trois ans ; mais cet espace est ordinairement réduit à vingt-sept mois, pendant lesquels on ne peut exercer aucun emploi public. Un mandarin est obligé de quitter son gouvernement, et un ministre d’état le soin des affaires publiques, pour vivre dans la retraite et se livrer à sa douleur. L’empereur, pour de bonnes raisons, peut accorder une dispense ; mais les exemples en sont très-rares.