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pale pierre. Les pauvres se contentent de couvrir le cercueil de terre, à six ou sept pieds de hauteur, en forme de pyramide ; d’autres l’enferment dans une petite loge de brique ; mais les tombeaux des grands et des mandarins sont ordinairement magnifiques. On bâtit une voûte sous laquelle on place le cercueil ; on forme au-dessus une élévation en terre de la forme d’un bonnet, haut d’environ douze pieds, sur huit ou dix de diamètre, qu’on couvre de mortier, pour empêcher que l’eau n’y pénètre, et qu’on entoure d’arbres de plusieurs espèces ; vis-à-vis est une longue table de marbre blanc, sur laquelle on place une cassolette, deux vases et deux chandeliers, qui sont aussi de marbre et très-bien travaillés. Des deux côtés, on range sur plusieurs lignes quantité de figures d’officiers, d’eunuques, de soldats, de lions, de chevaux de selle, de chameaux, de tortues et d’autres animaux, dans diverses attitudes qui expriment la douleur et le respect. Les sculpteurs chinois excellent, dit-on, dans l’expression des sentimens.

À quelques pas du tombeau, on trouve des tables rangées dans des salles bâties exprès, et pendant la cérémonie de l’enterrement, les domestiques y préparent un festin. Les sépultures des seigneurs ont plusieurs appartemens, où les parens et les amis passent un ou deux mois après l’inhumation du corps, pour renouveler chaque jour leurs gémissemens avec les fils du mort.