Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/37

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Sur l’estrade était un fauteuil ou un trône d’or massif. De chaque côté paraissaient des rangs d’officiers qui commandaient, les uns dix mille, d’autres mille, et d’autre cent hommes. Ils avaient à la main chacun leur tablette, longue d’une coudée sur un quart de largeur, et tenaient les yeux fixés dessus, sans paraître occupés d’autre soin. Derrière eux était un nombre infini de gardes, tous dans un profond silence ; enfin l’empereur, sortant de son appartement, monta sur le trône par neuf degrés d’argent. Il était d’une taille moyenne : sa barbe était d’une longueur médiocre ; mais deux ou trois cents longs poils postiches lui descendaient du menton sur la poitrine. Des deux côtés du trône s’offraient deux jeunes filles d’une beauté éclatante, le visage et le cou à découvert, les cheveux noués, au sommet de la tête, avec de riches pendans de perles aux oreilles. Elles tenaient à la main une plume et du papier, pour écrire soigneusement tout ce qui allait sortir de la bouche de l’empereur. On recueille ainsi toutes ses paroles, et lorsqu’il se retire, on lui présente le papier, afin qu’il voie lui-même s’il juge à propos de faire quelque changement à ses ordres : ensuite on les porte au divan, qui est chargé de l’exécution. S’il n’y a point d’auteur qui ne doive trembler en relisant ce qu’il a écrit, il semblerait qu’on ne doit relire ce qu’on a dit qu’avec des scrupules beaucoup plus inquiets ; mais il faut se souvenir qu’on