Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/38

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prend autant de soin pour rassurer l’amour-propre des rois que pour tourmenter celui des écrivains.

Aussitôt que l’empereur fut assis, on fit avancer les sept ambassadeurs vis-à-vis son trône, et l’on fit approcher en même temps les criminels au nombre de sept cents. Quelques-uns étaient liés par le cou, d’autres avaient la tête et les mains passées dans une planche, et la même planche en tenait jusqu’à six dans cette posture. Chacun était gardé par son geôlier, qui le tenait par les cheveux ; ils venaient recevoir leur sentence de la bouche de l’empereur. La plupart furent envoyés en prison, et peu furent condamnés à la mort, pouvoir que les lois réservent au souverain. À quelque distance de la capitale que le crime ait été commis, les gouverneurs font conduire les criminels à Cambalu. Le délit de chacun est écrit sur la planche qu’il porte autour du cou avec sa chaîne. Les crimes qui regardent la religion sont le plus sévèrement punis. On apporte tant de soin aux procédures, que l’empereur ne condamne personne à mort sans avoir tenu douze conseils ; il arrive quelquefois à un criminel d’être déchargé dans le douzième conseil, après avoir été condamné onze fois dans les précédens. L’empereur y est toujours présent, et ne condamne que ceux qu’il ne peut sauver. Quand on songe que cette peinture de la jurisprudence de la Chine a été faite il y a plus de trois cent cin-