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difficiles. Dans la Tartarie occidentale, on ne trouve que des montagnes, des rochers et des vallées, sans villes, sans villages, et même sans aucune apparence de maisons, parce que les habitans, avec leurs tentes, sont dispersés dans les plaines, où ils prennent soin de leurs troupeaux ; ils n’y élèvent ni porcs, ni volaille, ni d’autres animaux que ceux qui peuvent se nourrir d’herbes.

La seconde raison qui détermina Khang-hi à ces voyages annuels, fut la nécessité de contenir les Tartares orientaux dans la soumission, et de prévenir les embarras qu’ils pouvaient causer à l’empire. C’est dans cette vue que l’empereur marche avec de si grands préparatifs de guerre. Il fait mener à sa suite plusieurs pièces de gros canons dont on fait par intervalles diverses décharges dans les vallées, pour répandre la terreur autour de lui par le bruit et le feu qui sortent de la gueule des dragons dont cette artillerie était ornée. Avec cet équipage de guerre il est accompagné de toutes les marques de grandeur qui l’environnent à Pékin ; il a le même nombre de tambours et d’instrumens de musique qui se font entendre lorsqu’il est à table au milieu de sa cour, ou lorsqu’il sort du palais. Le but de cette pompe extérieure est d’éblouir les Tartares, et de leur inspirer autant de crainte que de respect pour la majesté impériale. L’empire de la Chine n’a jamais eu de plus redoutables ennemis que cette multitude infinie de barba-