Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrit d’un bout à l’autre, il en loua la doctrine ; il nous exhorta fort à ne rien négliger pour nous perfectionner dans la langue tartare. « La philosophie, répéta-t-il plusieurs fois, est une chose extrêmement nécessaire. » Puis il continua ses explications de géométrie-pratique avec le père Thomas.

» Le 17, Tchao-lao-yé fut chargé par l’empereur de dire aux pères Percyra et Thomas, qui l’attendaient à l’ordinaire dans l’appartement d’Yang-tsin-tien, que nous devions être sur nos gardes en parlant de nos sciences et de tout ce qui nous regardait, particulièrement avec les Chinois et Mogols, qui ne nous voyaient pas volontiers dans le pays, parce qu’ils avaient leurs bonzes et leur lamas, auxquels ils étaient fort attachés ; que sa majesté nous connaissait parfaitement, qu’elle se fiait tout-à-fait à nous, et qu’elle nous traitait comme ses plus intimes domestiques ; qu’ayant fait examiner notre conduite, non-seulement à la cour, où elle avait eu jusque dans notre maison des gens pour nous observer, mais encore dans les provinces, où elle avait envoyé des exprès pour s’informer de quelle manière nos pères s’y comportaient, elle n’avait pas trouvé le moindre sujet de reproche à nous faire ; que c’était sur ce fondement qu’elle nous traitait avec tant de familiarité, mais que nous n’en devions pas être moins réservés au dehors ; que devant elle nous pouvions parler à cœur ouvert, parce qu’elle nous connaissait parfaitement.