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se croyaient en droit de ne garder aucun ménagement. »

On voit par ce récit jusqu’où l’empereur portait la circonspection et les mesures pour ne pas choquer les tribunaux de justice, et jusqu’où ces missionnaires portaient leurs prétentions.

Vers le même temps, on apprit la nouvelle d’une victoire remportée par le frère de l’empereur sur les Tartares Éleuthes. On avait perdu dans le combat un des oncles maternels de Khang-hi, nommé Kiou-kiou. Les missionnaires nous donnent la description de ses funérailles.

« On nous apprit que le convoi des cendres de Kiou-kiou, qui avait été tué dans la dernière bataille, n’était pas éloigné de la ville, et que sa majesté envoyait au-devant deux grands de l’empire, et quelques-uns de ses kyas, pour faire honneur à la mémoire du mort. Le père Pereyra et moi, qui avions des obligations particulières à ce seigneur, nous partîmes dans le même dessein, et nous rencontrâmes le convoi à sept lieues de Pékin.

» Les cendres de Kiou-kiou étaient renfermées dans un petit coffre du plus beau brocart d’or qui se fasse à la Chine ; ce coffre était placé dans une chaise fermée et revêtue de satin noir, qui était portée par huit hommes. Elle était précédée de huit cavaliers, portant chacun leur lance ornée de houppes rouges et d’une banderole de satin jaune, avec une bor-