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Tchang-Tchun-Yen, l’empereur, sous prétexte de nous faire examiner un calcul, inséra dans son papier le mémoire secret que le vice-roi de Chan-tong avait envoyé sur l’affaire des chrétiens ; il avait joint la sentence qui portait que l’accusateur serait puni à titre de calomniateur ou de délateur malintentionné. Comme on ne parlait pas de punir le mandarin, nous témoignâmes librement que c’était un faible remède pour la grandeur du mal. Ensuite l’empereur nous ayant fait demander si nous étions contens, apparemment parce que nous n’avions pas eu d’empressement à le remercier de cette faveur, nous répondîmes sans contrainte que nous n’étions pas trop satisfaits, et que, si sa majesté, qui n’ignorait pas que l’établissement de notre religion était le seul motif qui nous amenât dans son empire, et qui nous retînt à sa cour, voulait nous accorder quelque chose de plus, nous nous croirions infiniment plus obligés à sa bonté que toutes les caresses dont elle ne cessait pas de nous combler.

» Cette réponse ne lui fut pas agréable ; il nous fit dire qu’il croyait en avoir assez fait pour notre honneur, auquel il ne voulait pas qu’on donnât la moindre atteinte ; que s’il favorisait nos compagnons dans les provinces, c’était pour l’amour de nous et par reconnaissance pour nos services ; mais qu’il ne prétendait pas soutenir et défendre les chrétiens chinois qui se prévalaient de notre crédit, et qui