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allumée pour mettre le feu à son arquebuse. Il ne voulut pas qu’on s’approchât trop du monstre, dans la crainte que quelqu’un de ses gens ne fût blessé. Le danger n’est jamais grand pour sa personne. Il était alors environné d’une cinquantaine de chasseurs à pied, tous armés de demi-piques qu’ils savent manier avec adresse, et dont ils ne manqueraient pas de percer le tigre, s’il s’avançait du côté de leur maître.

» Je remarquai dans cette occasion la bonté du caractère de l’empereur. Aussitôt qu’il vit fuir le tigre du côté opposé au sien, il cria qu’on lui ouvrît le passage, et que chacun se détournât pour éviter d’être blessé. Ensuite il dépêcha un de ses gens pour s’informer s’il n’était rien arrivé de fâcheux. On lui rapporta qu’un des chasseurs mogols avait été renversé, lui et son cheval, d’un coup de pâte que le tigre lui avait donné en fuyant ; mais qu’il n’avait point été blessé, parce que l’animal, étourdi par les cris des autres chasseurs, avait continué de fuir.

» Dans la chasse du même jour, outre des faisans, des perdrix et des cailles, on prit un oiseau d’une espèce particulière, et que je n’ai vu nulle part ailleurs. Les Chinois lui donnent le nom de koki, qui signifie poule de feu, apparemment parce qu’autour des yeux il a un ovale de petites plumes couleur de feu très-vif. Tout le reste du corps est de couleur de cendre. Il est un peu plus gros qu’un faisan. Par le corps et la tête il ressemble assez aux poules d’Inde. Comme il ne peut voler ni haut, ni