Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paux officiers, dont les uns ne faisaient que détourner le gibier pour le faire passer devant lui. Les autres lui fournissaient des flèches pour tirer, et d’autres les ramassaient. Sur les deux ailes, au-dedans de l’enceinte, étaient les deux fils de l’empereur, assistés chacun de trois ou quatre de leurs officiers. Il n’était permis à nul autre de pénétrer dans l’enceinte, s’il n’était appelé par l’ordre exprès de l’empereur. Personne aussi n’osait tirer sur les bêtes, à moins que sa majesté ne l’ordonnât ; ce qu’elle faisait ordinairement après avoir blessé la bête. Mais si quelque animal s’échappait, les grands et les autres officiers de la cour, qui marchaient immédiatement après ceux qui formaient l’enceinte, avaient la liberté de le poursuivre et de tirer.

» Sa majesté tira un très-grand nombre de chevreuils et de cerfs qui marchaient en troupes dans les montagnes. On n’avait fait néanmoins que deux enceintes, qui durèrent cinq ou six heures. Dans la première on enferma un tigre, sur lequel l’empereur tira deux coups d’une grande arquebuse et un coup de fusil ; mais, comme il tira de fort loin, et que le tigre était dans un fort de broussailles, il ne le blessa point assez pour l’arrêter. Au troisième coup le tigre prit la fuite vers le haut de la montagne, où le bois était le plus épais. Cet animal était d’une grandeur monstrueuse. Je le vis plusieurs fois, parce que j’étais fort près de l’empereur, à qui je présentai même la mèche