Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sommet de la montagne et de mettre sa vie en sûreté.

» Cependant le tigre retourna au petit pas vers le lieu d’où il était sorti ; et les chiens aboyant autour de lui, l’empereur eut le temps de lui tirer trois ou quatre coups qui le blessèrent légèrement ; il n’en marcha que plus vite. Lorsqu’il fut arrivé aux broussailles, il s’y coucha comme auparavant, c’est-à-dire sans qu’on pût l’apercevoir. On recommença aussitôt à faire rouler des pierres et à tirer au hasard. Enfin le tigre se leva brusquement et prit sa course vers le lieu où l’empereur était placé. Sa majesté se disposait à le tirer ; mais lorsqu’il fut au bas de la montagne, il tourna d’un autre côté, et s’alla cacher dans le même bosquet où il s’était déjà retiré. L’empereur traversa promptement la vallée, et le suivit de si près, que, le voyant à découvert, il lui tira deux coups de fusil qui achevèrent de le tuer.

» Le lendemain nous fîmes soixante lis sans quitter une vallée étroite, et bordée des deux côtés par des montagnes fort escarpées. Un peu au-dessus du lieu où l’on devait camper, l’empereur s’arrêta près d’un rocher escarpé de toutes parts, et fait en forme de tour. Tous les grands et les meilleurs archers ayant reçu ordre de se rendre autour de lui, il fit tirer à chacun sa flèche vers la cime du rocher, pour essayer si quelqu’un aurait l’adresse et la force d’y atteindre. Il n’y eut que deux flèches qui