Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/88

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on lui tient des fusils et des arquebuses. Lorsque le tigre n’abandonne pas son fort, on tire des flèches au hasard, et souvent on lâche des chiens pour le faire déloger. Je reviens à la chasse dont je fus témoin.

» On fit bientôt lever le tigre du lieu où il était couché ; il grimpa la montagne, et s’alla placer de l’autre côté dans un petit bois, presqu’à l’extrémité de la montagne voisine. Comme il avait été bien observé, il fut aussitôt suivi, et l’empereur s’en étant approché à la portée du mousquet, toujours environné de ses piqueurs, on tira quantité de flèches vers le lieu où il s’était retiré ; on lâcha aussi plusieurs chiens qui le firent relever une seconde fois ; il ne fit que passer sur la montagne opposée, où il se coucha encore dans des broussailles, d’où l’on eut assez de peine à le faire sortir : il fallut faire avancer quelques cavaliers qui tirèrent des flèches au hasard, tandis que les piqueurs faisaient rouler des pierres vers le même endroit. Quelques-uns des cavaliers faillirent y perdre la vie : le tigre, s’étant levé tout d’un coup, jeta un grand cri, et prit sa course vers eux : ils n’eurent pas d’autre ressource que de se sauver à toute bride vers le sommet de la montagne ; et déjà l’un d’entre eux, qui s’était écarté en fuyant, paraissait menacé de sa perte, lorsque les chiens qu’on avait lâchés en grand nombre, et qui suivaient le tigre de près, l’obligèrent de leur faire face. Ce mouvement donna le loisir au cavalier de gagner le